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LA DANSE N’EST PAS CE QUE J’AIME.

— Gardez-vous-en bien ! reprit à son tour M. Bremont ; laissez-la, au contraire, dormir jusqu’à demain : elle a besoin de repos, je vous l’assure, et je parie que vous pourrez l’emporter d’ici sans la réveiller.


CHAPITRE SIXIÈME.

UNE BONNE IRONIE CORRIGE.

Castigat ridendo mores.


En effet, on transporta la petite fille endormie dans sa chambre ; on la déshabilla, on la plaça dans son lit sans qu’elle s’éveillât, même un peu.

Le lendemain, à cinq heures du soir, lorsqu’on allait se mettre à table, elle dormait encore ; pourtant il fallut bien se lever.

Son père et ses cousines, réunis dans le salon, attendaient avec impatience son arrivée. Dès qu’elle parut, ils l’accueillirent par de grands éclats de rire ; et la pauvre Aglaure, bien honteuse, voulut s’éloigner.

— Viens, mon enfant, dit M. Bremont ; ne pleure pas : je suis certain que te voilà corrigée.

— Oh ! oui, dit Aglaure en pleurant ; jamais de ma vie je ne danserai plus !

— Prends garde, ceci est encore de l’exagération, reprit M. Bremont en souriant ; ne t’engage pas si vite à renoncer à la danse : dans un an, tu l’aimeras peut-être encore plus que tu ne crois.

— Aglaure, dit une de ses cousines, qui était fort maligne, tu ne veux donc pas venir ce soir au bal chez madame de Volnar ? on dit qu’il sera charmant.

— Méchante ! reprit Aglaure avec tristesse ; tu vois bien que je ne peux plus marcher.

— Allons, mesdames, ne la tourmentez pas, reprit M. Bremont en embrassant sa fille ; ne pensons plus à cette histoire.