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LA DANSE N’EST PAS CE QUE J’AIME.

La chaîne anglaise !
Balancez à vos dames !
En avant deux !
La main droite !
La queue-du-chat !
La pastourelle !
Chassez les huit !

Mais Aglaure n’en comprenait plus le sens. Elle s’était mise à genoux sur la banquette et avait appuyé ses deux bras sur la balustrade de pierre pour se soutenir ; insensiblement sa tête s’inclina, se posa sur ses mains, et bientôt Aglaure s’endormit. Le mouvement qu’elle lit en se penchant dénoua ses cheveux, et le peigne qui les retenait tomba dans la-rue, ainsi qu’une petite fleur qui composait toute sa parure.

Le jeune homme avec qui elle devait danser la dernière contredanse la chercha quelque temps ; mais il ne put la trouver, car elle était cachée par les rideaux de la fenêtre, fermés derrière elle. Aglaure resta ainsi endormie tout le temps que l’on dansa le cotillon.

Son père, ne la voyant plus, pensa qu’elle était allée se coucher, et il comprit qu’elle devait avoir grand besoin de dormir.

Le sommeil d’Aglaure était si profond, qu’elle ne sentait pas le froid de la pierre à travers ses gants blancs, qui seuls défendaient ses bras ; elle n’entendait point le bruit extérieur, qui s’augmentait à chaque instant.

Peut-être elle serait restée jusqu’au soir à cette place, si un commissionnaire n’eût remarqué sur le pavé un peigne dont les dents venaient d’être brisées et une jolie petite fleur artificielle qui semblait n’être là que depuis peu de temps.

Un mouvement bien naturel lui fît lever les yeux pour découvrir la fenêtre d’où étaient tombés ces objets : alors il aperçut une longue chevelure pendant sur la balustrade.

Effrayé à cet aspect, il recula de quelques pas, et vit Aglaure qui dormait. Comme elle ne faisait aucun mouvement, que ses cheveux étaient épars, et qu’il allait souvent à l’Ambigu voir