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M. DE PHILOMÈLE.

La jeune fille, d’une main tremblante, s’empara du rossignol, qui ne fit aucune résistance ; elle se hâta de rejoindre son frère, et tous deux cheminèrent joyeusement en se félicitant de leur journée.

— Quelle bonne idée, disait l’enfant, nous avons eue de venir nous promener de ce côté ! Toi, qui aimes tant les rossignols, tu en trouves un ; et moi, j’ai un âne que je désirais depuis si longtemps… Oh ! que je voudrais donc être arrivé à la maison pour dire à maman que j’ai un âne !

Les deux captifs ne paraissaient pas moins satisfaits de leur aventure : l’âne était si heureux d’être caressé, qu’il ne se sentait plus du tout triste ni malade ; le rossignol était si fier du cas que l’on faisait de lui, qu’il se passionnait pour sa jeune maîtresse et jurait de ne jamais la quitter.

Ils arrivèrent au château ; on les y installa tous deux, et ils s’y trouvèrent si bien, qu’ils y passèrent le reste de leurs jours, aimé, soigné (ceci est pour l’âne) ; écouté, fêté (ceci est pour le rossignol).

Après bien des ennuis, des dégoûts, des tourments, ils avaient enfin trouvé le bonheur ; chacun d’eux avait rencontré la société qui lui convenait : car pour être heureux, mes enfants, il faut vivre avec les bonnes gens qui nous aiment et à qui nous sommes utiles, ou avec les gens supérieurs, les gens d’esprit, qui apprécient notre talent.