Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
ZOÉ, OU LA MÉTAMORPHOSE.

qui était là, tremblante, aspirant après sa fille, l’appelant des yeux, lui tendant les bras ; cette joie, cette impatience si imposante, si sacrée, l’intimidaient.

— Parlez ! dit madame Épernay, pourquoi ne puis-je l’embrasser aujourd’hui ?

— Parce que, répondit Églantine en souriant, vous êtes encore trop faible pour pouvoir supporter une telle joie.

— Non ! non ! s’écria l’heureuse mère ; le bonheur nous donne des forces ; je puis revoir ma fille sans mourir… Rendez-la-moi ! rendez-la-moi !

Alors on entendit du bruit dans la pièce voisine.

— Je devine !… s’écria madame Épernay hors d’elle-même ; elle est ici !… vous l’avez amenée !… Zoé ! Zoé ! ma fille ! ma fille !

— Maman !… répondit une voix chérie ; c’est bien moi, je vis !…

Et Zoé, que les gens de la maison retenaient dans l’antichambre, parvenant à s’échapper, courut se jeter dans les bras de sa mère….