même chez madame Épernay, cherchant dans son imagination une fable pour préparer ce pauvre cœur de mère, si déchiré par la douleur, au coup inattendu d’un bonheur accablant.
— Madame, dit-elle en s’approchant avec timidité de madame Épernay, qu’elle trouva les yeux humectés de larmes et entourée des objets qui lui rappelaient sa fille ; madame, me pardonnerez-vous de venir poser la main sur une plaie saignante ?…
— Parlez, mademoiselle, interrompit madame Épernay, qui devinait que c’était de sa chère Zoé qu’il s’agissait ; ne craignez pas de m’attrister en me parlant d’elle, j’y pense toujours !
— Vous n’avez eu aucun renseignement sur le sort de votre enfant, depuis le jour ou elle a disparu ?…
— En auriez-vous ? s’écria madame Épernay, dont les yeux brillaient d’espérance ; oh ! parlez, je vous en conjure.
— Je puis me tromper, poursuivit Églantine en composant toujours son charitable mensonge ; j’ai entendu parler, par hasard, d’une petite fille, à peu près du même âge que la vôtre, que des mendiants ont volée il y a plusieurs mois, et…
— Ma pauvré Zoé, quoi ! tu vivrais encore ! s’écria madame Épernay dans un délire d’espérance.
— Peut-être n’est-ce pas elle, reprit aussitôt Églantine, effrayée de cette trop vive exaltation ; je n’ai point vu l’enfant que ces misérables ont dérobée et je ne sais pas si c’est la vôtre ; mais si vous me donniez, madame, un portrait ou le signalement exact de la petite fille que vous pleurez, je pourrais….
— Voici son portrait, interrompit madame Épernay, il est ressemblant, quoiqu’elle fût bien plus jolie ! — En disant ces mots, elle détacha un médaillon qu’elle portait toujours à son cou. — Ô mon Dieu ! s’écria-t-elle, si je pouvais la retrouver !…
À ces mots, elle tomba évanouie. On vint à son secours, et dès qu’elle fut revenue à elle, Églantine s’éloigna, la laissant se livrer tout entière à ce premier degré d’espoir qu’elle avait fait naître en son cœur.
Madame Épernay passa toute la nuit dans une agitation indescriptible, se livrant à une joie folle, ne doutant pas que