Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 3.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ZOÉ, OU LA MÉTAMORPHOSE.


CHAPITRE PREMIER.

LE SORCIER.


HADZINN A POUN !
HADZINN A POUN !
HADZINN A POUN !…

Ces paroles magiques furent prononcées d’une voix terrible, un soir d’hiver, par un vieillard d’une figure sombre et malveillante.

Il était coiffé d’un bonnet de soie noire pointu. Assis devant un fourneau d’une forme bizarre, il tenait attentivement le manche d’un poêlon énorme dans lequel bouillonnait quelque chose d’extraordinaire.

Ce vieillard n’était point un confiseur, et ce n’étaient point de bonnes friandises qu’il surveillait avec tant de soin ; ce n’était pas non plus de la bouillie, ni de la panade, comme en savent faire quelquefois les bons pères nourriciers.

Ce n’était pas de la colle, ce n’étaient pas des pommes de terre… C’était quelque chose de plus singulier que tout cela, et qu’il faudra bien vous dire, parce que vous ne le devineriez jamais.

Ce vieillard était un sorcier ; or un sorcier, mes enfants, c’est un savant, mais un savant méchant, un homme qui emploie la science à faire le mal ; tandis qu’au contraire les bons savants l’emploient à faire le bien, et consacrent toute leur vie à des découvertes utiles, pour améliorer le sort des hommes.

Ce sorcier avait lu quelque part qu’un autre sorcier comme lui était parvenu, à force de maléfices, à composer un homme