qu’elles inspirent et par l’espèce de travail auquel elles condamnent les esprits les plus irrités : pendant qu’ils cherchent à comprendre, ils se calment, et l’on finit par les dompter.
M. Dulac profita justement de la préoccupation où sa réponse d’oracle plongeait Lionel et Laurence pour les observer tous deux.
— Diable ! pensa-t-il, je suis arrivé à temps ; une heure encore et je venais trop tard.
Cette pensée le transporta de plaisir. Par la suite on saura le secret de cette joie.
— Madame, dit Lionel, permettez que j’emmène monsieur quelques moments ; une explication entre nous est nécessaire, il faut…
— Non, mon cher, interrompit Ferdinand, je n’ai rien à dire que madame ne puisse entendre, et je suis certain que si elle savait à quel point votre famille est inquiète de vous, elle serait la première à vous engager à l’aller rassurer. Il n’a prévenu personne de son départ, madame, et son beau-père, sa femme, étaient si tourmentés de son absence que…
— Sa femme ! s’écria madame de Pontanges ! sa femme !…
Laurence pâlit d’une horrible manière, un tremblement nerveux saisit tous ses membres, elle tomba à genoux ne pouvant plus se soutenir.
— Que vous êtes méchant ! s’écria Lionel en menaçant M. Dulac.
Il courut vers Laurence.
— Laissez-moi, dit-elle… Il n’y a de méchant que vous… Oh ! c’est infâme !… Laissez-moi, laissez-moi, vous dis-je… je vous hais !
Lionel s’éloigna, il était anéanti…
Ferdinand s’approcha de madame de Pontanges pour l’aider à se relever.
— Ah ! monsieur, dit-elle, je suis bien malheureuse !… Mais je vous remercie… C’est affreux ! Je l’aimais tant ! Ah ! monsieur, merci ; vous m’avez sauvée.
— Elle est superbe comme cela, pensa M. Dulac en regardant Laurence ; cette femme à genoux, avec sa robe de deuil et ses beaux cheveux ! et puis elle est naturelle, cette femme-là…