qui avait résisté à sa douleur, se sentait dominée par tant de joie ! En lui voyant tant d’espérance, elle croyait avoir promis. « Qu’il soit heureux ! se disait-elle. À moi les remords et les larmes ; mais lui, du moins, qu’il soit heureux ! » — Oh ! c’est une croyance bien dangereuse que cette idée, que l’on est la providence d’une vie, que l’on peut d’un seul mot la faire brillante ou misérable ! Dans cette alternative entre la joie et le désespoir de ce qu’on aime, comment hésiter à choisir ? Et Laurence avait choisi, et l’on sentait qu’il y avait dans sa faiblesse encore plus de générosité que d’amour !
Elle pleurait, et il voyait ses larmes avec délices. Ces larmes étaient un aveu, elles lui prouvaient qu’il n’avait plus à craindre de refus.
— Laurence, mon ange, ne pleure pas. Est-ce sur moi que tu t’affliges ? veux-tu donc m’éloigner encore ? Pourquoi pleurer ?
— Oh ! non, vous ne me quitterez plus. Vous resterez près de moi, vous me consolerez.
— Ce que vous me dites est mal, très-mal… Est-ce donc un chagrin pour vous que mon amour ? Oh ! je serai si heureux, moi, si tu m’aimes. Ma douce Laurence, que tu es belle ! Regarde-moi ; que j’aime tes yeux, ton front si pur et ta bouche si gracieuse ! Laurence, que je vous trouve jolie !… que l’amour vous sied bien, madame !
Il voulait la faire sourire, il essayait de la calmer ; mais elle était tremblante et pâle, et ses pleurs coulaient abondamment.
— Laurence, s’écria-t-il avec amertume, votre désespoir me déchire le cœur !
Mais elle ne l’écoutait pas. Elle était toute à sa pensée, au dernier combat qui se livrait dans son âme.
— Mon Dieu, pardonnez-moi, dit-elle d’une voix étouffée, il m’aime tant !
Et, cédant à une émotion trop violente, elle se laissa tomber dans ses bras, et lui la pressa sur son cœur. Comme il était reconnaissant ! qu’il la trouvait noble, généreuse, bonne ! Il lui prodiguait les noms les plus tendres ; il séchait ses larmes sous ses baisers, il la calmait à force de tendresse ; il la protégeait contre lui-même, il l’adorait de sa faiblesse, il l’aimait