— Ah ! voilà comme vous êtes, vous me dites de superbes phrases sur le bonheur de me soigner, et vous me refusez la seule chose que je vous demande — Une maladie, c’est le droit aux caprices… pourquoi contrariez-vous les miens ?
— Parce que, madame, vous choisissez très-mal vos caprices.
Lionel dit ces mots avec finesse et tant de coquetterie, que madame de Pontanges, embarrassée, voulut changer de conversation… si toutefois ces niaiseries peuvent s’appeler conversation.
— Donc ! je renonce à ce caprice, puisqu’il vous déplaît, dit-elle. Avez-vous lu le livre que je vous ai prêté ?
— Indiana ? oui : c’est admirable ; le caractère du héros pourtant est un peu forcé.
— Tous les hommes disent cela, peut-être parce qu’il est vrai. J’ai peur qu’il ne soit ressemblant, dit Laurence ; mais je connais si peu le monde… Quel style !
— Superbe ! mais je hais la littérature ce soir.
— De quoi donc voulez-vous parler ?
— De vous, Laurence, qui êtes si belle, et de moi, qui vous aime tant…
Alors il se mit à genoux devant le canapé où madame de Pontanges était couchée, et il prit ses deux mains qu’il baisa tendrement.
— On vient ! dit-elle. Lionel se leva.
Un domestique entra au même instant ; il paraissait inquiet. Il s’approcha de madame de Pontanges, et, passant derrière le canapé, il lui dit ces mots à l’oreille : — Il ne veut pas, madame… les prières, les menaces, il n’écoute rien !
— Eh bien, j’y vais, dit-elle en essayant de se lever ; allez chercher Joseph, vous m’aiderez avec lui à descendre.
— Ah ! je porterais bien madame à moi seul, dit le vieux bonhomme.
— Je n’en doute pas, reprit madame de Pontanges en riant ; mais il vaut mieux que Joseph soit avec vous.
— Quelle imprudence ! s’écria M. de Marny, vous voulez descendre ?
— Il le faut… Amaury ne veut rien manger… d’ailleurs, je