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DÉSESPOIR.[1]



Déjà mon cœur me quitte, et la mort me réclame,
Et je ne la crains pas : pourquoi me secourir ?
Vers le Ciel qui l’attend laisse voler mon âme.
Oh ! ma sœur, laisse-moi mourir !

Dès longtemps, tu le sais, ma vie est douloureuse ;
Souvent sur mes chagrins je te vis t’attendrir ;
Va, ne me retiens pas pour toi, sois généreuse.
Oh ! ma sœur, laisse-moi mourir !

Il est temps d’arrêter mes inutiles heures,
L’horizon dépouillé n’a plus rien à m’offrir ;
Je n’ai plus rien de moi ; vivante, tu me pleures.
Oh ! ma sœur, laisse-moi mourir !

Je ne veux point survivre à mes belles années
Fraîches fleurs du printemps que l’été va flétrir,
Parures du matin avant le soir fanées.
Oh ! ma sœur, laisse-moi mourir !

  1. En 1834, madame Émile de Girardin eut la petite vérole, maladie qui heureusement ne laissa après elle aucune trace ; ces vers sont adressés à sa sœur, madame la comtesse O’Donnell, qui lui avait prodigué les soins les plus tendres. » (Note de l’Editeur.)