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LA CONFESSION D’AMÉLIE. A M. DE CHATEAUBRIAND. J’ai dit : Il faut que je confesse contre moi-même mes offenses au Seigneur ; et le Seigneur m’a par¬ donné l’impiété de mon crime. David, Psaume 31. La cloche frémissait dans le vieux monastère, Car une âme chrétienne allait quitter la terre : « Une sœur va mourir et demande à vous voir, Dit l’abbesse en ouvrant la grille du parloir ; Hâtez-vous d’assister celle que Dieu rappelle ! » A ces mots un vieillard sortit de la chapelle. Il portait l’huile sainte et le pain précieux, Holocauste divin qui nous promet les Cieux. Sous ses longs voiles noirs dérobant sa tristesse, L’abbesse devant lui marchait avec vitesse ; Aux lueurs d’un flambeau qui tremblait dans sa main, Des cloîtres tous les deux ils suivaient le chemin ; Leur ombre grandissait sur les piliers des arches, Et leurs pas s’imprimaient sur les humides marches. Au moment d’arriver dans le triste réduit : « Au fond de la cellule entendez-vous du bruit ? Dit l’abbesse en tremblant. — Non... répondit le prêtre. — Mon Dieu ! s’écria-t-elle, il est trop tard peut-être ! » Tandis qu’elle parlait, au bout du corridor Une porte s’ouvrit : « Elle respire encor !