Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/98

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se détruisent, il s’en forme de nouveaux, à mesure que les sentimens, auxquels ils doivent toute leur force, s’affoiblissent, s’éclipsent, ou qu’il s’en produit qu’on n’avoit point encore éprouvés. D’un instant à l’autre, le tourbillon qui en a entraîné plusieurs, est donc englouti à son tour, et tous se confondent aussitôt que les besoins cessent, on ne voit plus qu’un cahos. Les idées passent et repassent sans ordre ; ce sont des tableaux mouvans, qui n’offrent que des images bizarres et imparfaites, et c’est aux besoins à les dessiner de nouveau et à les placer dans leur vrai jour.

Tel est en général le sistême des connoissances dans les animaux. Tout y dépend d’un même principe, le besoin ; tout s’y exécute par le même moyen, la liaison des idées.

Les bêtes inventent donc, si inventer signifie la même chose que juger, comparer, découvrir. Elles inventent même encore, si par-là on entend se représenter d’avance ce qu’on va faire. Le castor se peint la cabane qu’il veut bâtir ; l’oiseau, le nid qu’il veut construire. Ces animaux