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répètent et se succedent tour-à-tour, les entretiennent ou les renouvellent continuellement ; et l’animal se fait une si grande habitude de parcourir ses idées, qu’il s’en retrace une longue suite toutes les fois qu’il éprouve un besoin qu’il a déja ressenti.

Il doit donc uniquement la facilité de parcourir ses idées, à la grande liaison qui est entr’elles. A peine un besoin détermine son attention sur un objet, aussitôt cette faculté jette une lumiere qui se répand au loin : elle porte en quelque sorte le flambeau devant elle.

C’est ainsi que les idées renaissent par l’action même des besoins qui les ont d’abord produites. Elles forment, pour ainsi dire, dans la mémoire, des tourbillons qui se multiplient comme les besoins. Chaque besoin est un centre, d’où le mouvement se communique jusqu’à la circonférence. Ces tourbillons sont alternativement supérieurs [476] les uns aux autres, selon que les besoins deviennent tour-à-tour plus violens. Tous font leurs révolutions avec une variété étonnante : ils se pressent, ils