Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/80

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dans son cerveau, et qu’il en sortiroit comme du sein du cahos, il me semble que le plus petit insecte peut bien remplir la tête d’un philosophe moins ambitieux. Son organisation, ses facultés, ses mouvemens offrent un spectacle que nous admirerons d’autant plus, que nous l’observerons davantage, parce que nous en raisonnerons mieux. D’ailleurs, l’abeille a bien d’autres raports avec nous que celui de nous fournir de la cire et du miel. Elle a un sens intérieur matériel, des sens extérieurs, une réminiscence matérielle, des sensations corporelles, du plaisir, de la douleur, des besoins, des passions, des sensations combinées, l’expérience du sentiment : elle a, en un mot, toutes les facultés qu’on explique si merveilleusement par l’ébranlement des nerfs.

« Je ne vois pas, ajouterez-vous, pourquoi je craindrois de charger et d’embarasser la volonté du créateur, ni pourquoi le soin de créer l’univers ne lui permettroit pas de s’ocuper de la maniere dont se doit plier l’aîle d’un