Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/71

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Mais, pour jouir de ces plaisirs, il n’a qu’à rester où il est ; et ce n’est que pour en chercher d’autres qu’il pouroit penser à se lever, à se transporter. Il ne se déterminera donc à changer de lieu, que lorsqu’il saura qu’il y a un espace hors de lui, qu’il a un corps, que ce corps en se transportant peut lui procurer une existence plus belle et plus grande. Il faut même qu’il ait apris à en régler les mouvemens. Il ignore toutes ces choses, et cependant il va marcher et faire des observations sur toutes les situations où il se trouvera.

A peine fait-il un pas, que tous les objets sont confondus, tout est en désordre. Je n’en vois pas la raison. Les objets qu’il a si bien distingués au premier instant, doivent dans celui-ci disparoître tous ou en partie, pour faire place à d’autres qu’il distinguera encore. Il ne peut pas plus y avoir de confusion et de désordre dans un moment que dans l’autre.

Surpris de la situation où il se trouve, il croit que son existence [461] fuit, et il devient immobile sans doute pour l’arrêter ; et pendant ce repos, il s’amuse à porter