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encore l’organe auquel il doit ses sensations.

Cependant il va parler en philosophe qui a déjà fait des découvertes sur la lumiere. Il nous dira que ces mille objets, cette partie de lui-même lui paroît immense en grandeur par la quantité des accidens de lumiere et par la variété des couleurs. Il est étonnant que l’idée d’immensité soit une des premieres qu’il aquiert.

Il aperçoit qu’il a la puissance de détruire et de produire à son gré cette belle partie de lui-même, et c’est alors qu’il commence à voir sans émotion et à entendre sans trouble. Il me semble, au contraire, que ce seroit bien plutôt le cas d’être ému et troublé.

Un air léger, dont il sent la fraîcheur, saisit ce moment pour lui aporter des parfums qui lui donnent un sentiment d’amour pour lui-même. Jusques-là il ne s’aimoit point encore. Les objets visibles, les sons, ces belles parties de son être, ne lui avoient point donné ce sentiment. L’odorat seroit-il seul le principe de l’amour-propre ?