Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/182

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pas de nous cacher, si nous considérons cette multitude d’opinions, qui, divisant les hommes, égarent le plus grand nombre, et si nous jetons sur-tout les yeux sur les méprises des plus grands génies.

On aura déja fait bien du progrès, quand on sera parvenu à se méfier de ses jugemens, et il restera un moyen pour aquérir toute la justesse dont on peut être capable. A la vérité, il est long, pénible même ; mais enfin c’est le seul.

Il faut commencer par ne tenir aucun compte des connoissances qu’on a aquises, reprendre dans chaque genre et avec ordre toutes les idées qu’on doit se former, les déterminer avec précision, les avaliser avec exactitude, les comparer par toutes les faces que l’analise y fait découvrir, ne comprendre dans ses jugemens que les raports qui résultent de ces comparaisons : en un mot, il faut, pour ainsi dire, raprendre à toucher, à voir, à juger ; il faut construire de nouveau le sistême de toutes ses habitudes.