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veut, et qu’autant qu’il le veut. Mais l’immortalité n’est naturelle à aucune des deux ; et si Dieu ne l’acorde pas à l’ame des bêtes, c’est uniquement parce qu’il ne la lui doit pas.

Les bêtes souffrent, dira-t-on : or, comment concilier avec la justice divine les peines auxquelles elles sont condamnées ? Je réponds que ces peines leur sont en général aussi nécessaires que les plaisirs dont elles jouissent : c’étoit le seul moyen de les avertir de ce qu’elles ont a fuir. Si elles éprouvent quelquefois des tourmens qui font leur malheur, sans contribuer à leur conservation, c’est qu’il faut qu’elles finissent, et que ces tourmens sont d’ailleurs une suite des lois phisiques que Dieu a jugé à propos d’établir, et qu’il ne doit pas changer pour elles.

Je ne vois donc pas que, pour justifier la providence, il soit nécessaire de suposer avec Mallebranche, que les bêtes sont de purs automates. Si nous connoissions les ressorts de la nature, nous découvririons la raison des effets que nous avons le plus de peine à comprendre. Notre ignorance, à