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raison nous étant donnée pour coriger nos habitudes, les étendre, les perfectionner, et pour s’ocuper non-seulement des choses qui ont raport à nos besoins les plus pressans, mais souvent encore de celles auxquelles nous prenons les plus légers intérêts, elle a un objet fort vaste, et auquel la curiosité, [491] ce besoin insatiable de connoissances, ne permet pas de mettre des bornes.

L’instinct est donc plus en proportion avec les besoins des bêtes, que la raison ne l’est avec les nôtres, et c’est pourquoi il paroît ordinairement si sûr.

Mais il ne faut pas le croire infaillible. Il ne sauroit être formé d’habitudes plus sûres, que celles que nous avons de voir, d’entendre, etc. habitudes qui ne sont si exactes, que parce que les circonstances qui les produisent sont en petit nombre, toujours les mêmes, et qu’elles se répetent à tout instant. Cependant elles nous trompent quelquefois. L’instinct trompe donc aussi les bêtes.

Il est d’ailleurs infiniment inférieur à notre raison. Nous l’aurions cet instinct, et