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moins. C’est ainsi que l’homme nous paroît diférer de l’Ange, et l’Ange de Dieu même : mais de l’Ange à Dieu la distance est infinie ; tandis que de l’homme à l’Ange elle est très considérable, et sans doute plus grande encore de l’homme à la bête.

Cependant, pour marquer ces diférences, nous n’avons que des idées vagues et des expressions figurées, plus, moins, distance. Aussi je n’entreprends pas d’expliquer ces choses. Je ne fais pas un sistême de la nature des êtres, parce que je ne la connois pas ; j’en fais un de leurs opérations, parce que je crois les connoître. Or ce n’est pas dans le principe qui les constitue chacun ce qu’ils sont, [487] c’est seulement dans leurs opérations qu’ils paroissent ne diférer que du plus au moins ; et de cela seul il faut conclure qu’ils diferent par leur essence. Celui qui a le moins, n’a pas sans doute dans sa nature de quoi avoir le plus. La bête n’a pas dans sa nature de quoi devenir homme, comme l’Ange n’a pas dans sa nature de quoi devenir Dieu.

Cependant lorsqu’on fait voir les raports