Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/103

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S’ils vivoient donc séparément, sans aucune sorte de commerce, et par conséquent sans pouvoir se copier, il y auroit dans leurs opérations la même uniformité que nous remarquons dans le principe qui les meut, et dans les moyens qu’ils emploient.

Or, il n’y a que fort peu de commerce d’idée parmi les bêtes, même parmi celles qui forment une espece de société. Chacune est donc bornée à sa seule expérience. Dans l’impuissance de se communiquer leurs découvertes et leurs méprises particulieres, elles recommencent à chaque génération les mêmes études, elles s’arrêtent après avoir refait les mêmes progrès ; le corps de leur société est dans la même ignorance que chaque individu, et leurs opérations offrent toujours les mêmes résultats.

Il en seroit de même des hommes, s’ils vivoient séparément et sans pouvoir se faire part de leurs pensées. Bornés au petit nombre de besoins absolument nécessaires à leur conservation, et ne pouvant se satisfaire que par des moyens semblables, ils agiroient tous les uns comme les autres et