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AVERTISSEMENT.

retrouver l’ordre véritable dans lequel Pascal se proposait de distribuer son grand ouvrage. On ne peut nier tout ce qu’il y a d’ingénieux et d’intéressant dans ses conjectures sur ce sujet ; mais ce ne sont que des conjectures, qui laissent en dehors bon nombre de pensées, et qui, dans l’état où est resté l’ouvrage de Pascal, dérangent les habitudes reçues, introduisent des divisions nouvelles dans un écrit déjà trop morcelé, et ont surtout le tort de faire penser au travail de l’éditeur et à l’éditeur lui-même. M. Havet a donc pu, en s’aidant du travail de M. Faugère, publier à son tour une édition des Pensées de Pascal, en 1852.

M. Havet est très-savant en toutes sortes de sciences, et il est surtout profondément versé dans tout ce qui concerne l’histoire littéraire ; et il avait, en outre, pour mener à bonne fin son entreprise, deux qualités indispensables : un goût très-juste, et un esprit très-philosophique. Son texte est désormais le texte définitif des Pensées. L’ordre qu’il a suivi, en se rapprochant le plus possible de Condorcet, est à la fois le plus commode et le plus sûr. Son commentaire ne s’introduit pas violemment dans le contexte de l’auteur ; mais il le suit page par page en l’éclairant toujours.

L’édition de Pascal que nous publions contient tout ce qui a été publié jusqu’à ce jour des œuvres de ce grand homme. Notre édition est plus complète que celle de Bossut, parce que nous avons pu profiter des nombreuses indications fournies par les éditeurs plus récents. Ce n’est plus un mérite, après M. Cousin et MM. Faugère et Havet, de reproduire le texte des Pensées tel qu’il existe dans les manuscrits de la Bibliothèque impériale ; mais c’en est un peut-être de mettre à la portée de tous une édition exacte et complète de Pascal. Toute la partie relative aux sciences a été imprimée sous la direction de M. Drion, professeur de mathématiques au lycée de Versailles, et revue par lui sur les épreuves avec le plus grand soin. M. Drion est aussi l’auteur de toutes les notes que le caractère de notre édition rendait nécessaires, et de la traduction des mémoires scientifiques que Pascal avait écrits en latin.


Nous donnons ici deux pièces de vers que l’on a trouvés au château de Fontenay-le-Comte, écrits derrière deux tableaux, et qu’une tradition fort incertaine attribue à Pascal. Nous les publions pour ne rien omettre, et à titre de renseignements biographiques.

Les plaisirs innocens ont choisi pour asile
Ce palais, où l’art semble épuiser son pouvoir :
Si l’œil de tous côtés est charmé de le voir,
Le cœur à l’habiter goûte un bonheur tranquille.