Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/57

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n'avais pas sollicité une fois ! Non pas que l'illustre Carthage ne mérite de voir un philosophe recourir aux prières pour obtenir les honneurs qu'elle décerne ; mais j'avais pensé que votre bienfait n'aurait tout son prix, toute sa portée, que si mes sollicitations n'en altéraient pas le caractère le plus flatteur ; je veux dire, que s'il était, dans toute la force du mot, essentiellement gratuit. En effet, ce n'est pas acheter à bon marché que d'obtenir en priant, de même que ce n'est pas être payé médiocrement que de se voir prié. Cela est si vrai, qu'on aime mieux acheter les différents objets dont on a besoin que les demander. C'est particulièrement pour les honneurs, selon moi, qu'il faut observer ces principes : les arracher à force de laborieuses sollicitations, c'est n'en être redevable qu'à soi ; mais les obtenir sans avoir eu recours à de pénibles brigues, c'est être doublement obligé à ceux qui les décernent, d'abord parce qu'on ne les a pas demandés, en second lieu, parce qu'on les a reçus. Je suis donc doublement votre obligé, ou plutôt je le suis au-delà de toute mesure ; et je ne cesserai de le proclamer en tous lieux, en toutes circonstances. Aujourd'hui ce sera par ce discours, composé à propos d'un si grand honneur, que je ferai publiquement, comme de coutume, mes protestations de reconnaissance. Il est une certaine manière dont un philosophe