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la voix de la tendresse et de la piété, arrachaient aux flammes rapides leurs vieux pères pour les emporter sur leurs épaules ; et ces ondes brûlantes, se séparant comme à la voix de Dieu, formaient en quelque sorte deux fleuves sortis d'une même source, et d'eux-mêmes faisaient circuler leurs flots inoffensifs autour de l'espace où s'avançaient ces vertueux portefaix chargés de leur religieux butin.

Chapitre 35

Enfin, ce qu'est sur un vaisseau le pilote, sur un char le conducteur, le préchantre dans les choeurs, la loi dans la cité, le général dans l'armée, Dieu l'est dans le monde ; si ce n'est que pour les autres il y a fatigue, multiplicité de travaux, soucis innombrables à se faire chefs de n'importe quelle entreprise ; tandis que pour Dieu il n'y a ni contrariété, ni charge, ni inquiétude, attachées à l'exercice de son empire. En effet, il dispose et organise autour de nous toutes formes, toutes natures, et il leur imprime des mouvements et des directions variées. Ses effets sont ceux de la loi acceptée dans les villes et fixée par la sanction d'une observance continuelle. Immuable elle-même, la loi, par son empire, agit incessamment sur ceux qui lui sont subordonnés, et tous obéissent à ses injonctions, à ses exigences. C'est pour se conformer à ses décrets que le magistrat se rend au tribunal, les soldats à la