Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/340

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non pas seulement à la pensée, mais encore aux yeux, aux oreilles et à toute substance sensible. Mais si ce langage poétique a pour but d'exprimer la puissance divine, il convient moins à l'essence de Dieu. Dieu sans doute a créé et conserve tous les êtres qui sont nés et formés pour remplir le monde ; mais ce n'est pas à dire cependant que, comme un artisan qui fatigue son corps, il ait de ses mains façonné cet univers. Son infatigable providence, placée loin de notre séjour, s'étend sur tout et embrasse les détails dont des espaces immenses la séparent.

Chapitre 25

Il n'est pas douteux qu'il occupe un séjour aussi éclatant que sublime ; en même temps que son nom, chanté par la voix des poètes, est plus noble que celui des consuls et des rois, dans les hauteurs de l'empyrée est établi le trône de sa magnificence. Les êtres les plus rapprochés de lui sont aussi ceux qui participent le plus amplement de son pouvoir : et les créatures célestes, grâce à leur voisinage, reçoivent par cela même d'autant plus de Dieu. La participation y est beaucoup moindre pour les créatures qui sont secondaires à celles-ci, et ainsi de suite jusqu'à nous, habitants de ce globe, à qui l'influence des bienfaits de la divinité ne se fait ressentir qu'à des intervalles d'un espace presque incommensurable. Or, si nous admettons que Dieu pénètre partout, que sa puissance s'étend jusqu'à notre séjour et au-delà, il s'ensuit que plus il est près ou éloigné, plus