Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/314

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apercevoir ces régions. Mais du moment qu'ils eurent trouvé dans la philosophie un guide dont les découvertes les éclairaient, ils osèrent voyager en esprit dans les espaces célestes, en suivant ces routes que la sagesse leur avait frayées par sa pénétrante exploration et que la réflexion seule leur révélait. Ainsi, bien que la nature eût semblé par les intervalles mêmes vouloir nous tenir loin de tout contact avec l'universalité des mondes, cependant notre pensée, rapide et puissant intermédiaire, nous rapprocha en un instant de leur immensité. L'âme, avec son intuition divine, n'eut pas de peine à voir et à reconnaître les principes auxquels ces mondes doivent leur création ; elle en transmit la connaissance à d'autres : de même que certains prophètes remplis de la majesté des dieux révèlent au reste des mortels ce que, par un privilège divin, ils sont appelés seuls à voir. C'est pour cette raison que les écrits qui nous retracent la nature et les qualités d'un lieu, les murailles d'une ville, les courants d'un fleuve, les hauteurs des montagnes et autres détails de ce genre, sont certains d'attacher très vivement les lecteurs ; que les crêtes de Nysa, les profondeurs du Corycius, les asiles sacrés de l'Olympe, les sommets de l'Ossa et les autres curiosités du même genre, excitent tour-à-tour un enthousiasme exclusif. Or, je ne puis qu'avoir pitié des hommes en les voyant ainsi consacrer une admiration inépuisable à des objets qui, loin d'être