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honnêtes et vertueux, tantôt à l'appât que leur présenteront les gains illégitimes et les voluptés honteuses. De tels hommes ne savent point ce que c'est que la persévérance du dévouement en fait d’amitié, sans être précisément criminels, ils ne sont néanmoins pas honorables.

Chapitre 20

La parfaite sagesse ne saurait exister, dit Platon, qu'avec la supériorité du génie, des talents, de la prudence ; supériorité qui a dû être préparée dès l'enfance par une série d'actions et de paroles qui la laissaient pressentir. Pour qu'elle se maintienne, il faut que l'âme soit vierge, pure de la fange des voluptés, qu'une sainte ardeur l'embrase pour le désintéressement, la patience, et pour le mérite que donnent l'éloquence et l'instruction solide. Honneur au mortel animé d'inspirations semblables ! il s'avance d'un pas ferme et confiant dans le sentier de la vertu ; et, fort du système vrai selon lequel il a réglé sa vie, il atteint comme d'un trait à la perfection ; autrement dit, il touche tout d'un coup aux limites les plus extrêmes du passé comme de l'avenir, et il plane en quelque facon au dessus de l'éternité. C'est une âme qui, ayant rompu pour jamais avec le vice, ne se familiarise plus, ne s'identifie plus qu'avec ce qui peut contribuer à la vie heureuse ; et conséquemment le sage, loin de dépendre des autres, de croire qu'il puisse rien recevoir d'eux, croit avec raison que son bonheur est entre ses mains : aussi n'est-il pas