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égale à la prospérité et au bonheur du pays.

Chapitre 9

Ainsi, par exemple, cette prévoyance aura deux manières de servir les interêts moraux de la cité, en établissant l'autorité de la loi et l'autorité judiciaire : celle-là, figurant un exercice qui tend à rendre l'âme belle et vigoureuse, comme la gymnastique assure au corps la grâce et la santé ; celle-ci, ayant quelque ressemblance avec la médecine, puisqu'elle tend à prévenir les maladies de l'âme, comme la médecine, celles du corps. Platon appelle science l'étude de ces deux théories, et il proclame leur application comme étant la source d'une foule d'avantages. Il signale deux fausses sciences qui ne les imitent que d'une manière bâtarde, et qui se rapprochent plutôt du métier du cuisinier et de celui du parfumeur. C'est la sophistique d'abord, et ensuite cette jurisprudence toute confite en douceur, pleine d'artifices perfides aussi honteux pour qui les emploie qu'inutiles pour tous. La sophistique est celle qui paraît à Platon se rapprocher le plus de la cuisine. Car comme celle-ci, vantant ses procédés hygiéniques, captive quelquefois la confiance des imprudents, en donnant à croire que ses recettes guérissent les maladies ; de même la sophistique, affectant une parfaite intelligence des lois, persuade aux sots qu'elle se consacre à la justice, quand il est constant qu'elle favorise l'iniquité. D'un autre côté, il y a plusieurs traits de concordance entre le métier de parfumeur et celui de ces soi-disant juristes. Le parfumeur prétend que les produits de son art conservent