Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/213

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l'homme souillé de tous les vices, de l'homme chez qui la meilleure partie, la partie raisonnable, celle qui doit même commander aux autres, est assujettie à l'esclavage ; attendu que les inspiratrices de tout mal, la colère et la débauche, dominent la raison et conduisent l'attelage. Cette malice est formée de deux éléments contraires, le trop et le moins. Selon notre philosophe, ce n'est pas seulement l'infériorité de nature qui la caractérise, c'est encore un état de dissemblance ; car il ne saurait y avoir la moindre analogie avec le bien dans ce qui diffère de soi-même à tant d'égards, dans ce qui présente non seulement disparité, mais encore désordre. Aussi prétend-il que contre les trois parties de l'âme sont dirigées les attaques de trois vices : la prudence est assaillie par l'indocilité qui, sans prétendre anéantir la science, repousse cependant un enseignement méthodique. Platon nous montre deux variétés de ce défaut, l'impéritie et la fatuité : la première, s'attaquant à la science, la seconde à la réflexion. Le principe irascible a pour antagoniste l'audace, à la suite de laquelle marchent l'indignation et l'insensibilité, appelée en grec g-aorgesian. C'est ainsi que j'appelle une disposition qui ne comprime pas l'élan de la colère, mais qui la remplace par une apathie voisine de la stupeur. Aux passions s'attaque la luxure, c'est-à-dire, l'appétit