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d'un tel voisinage, la raison, qui de là-haut veille sur la conservation de l'ensemble, n'éprouvât quelque désordre dans l'économie de ses utiles réflexions. L'homme est tout entier dans la tête et dans la face ; car la sagesse et toutes les pensées ne sont contenues nulle part ailleurs que dans cette partie du corps. Les autres membres sont les serviteurs, les esclaves de la tête, lui procurant les aliments et les diverses substances. Le chef est placé en haut comme un maître, un guide, qui par sa prévoyance écarte tous périls. Les différents organes dont les sens sont pourvus, afin d'apprécier, de juger les quantités et les qualités, sont également disposés dans la tête, véritable palais, véritable métropole ; et tous agissent dans les intérêts de la raison, dans le but de seconder la perception et l'intelligence.

Chapitre 14

Les sens eux-mêmes sont admirablement disposés par la nature pour les objets sensibles, et leurs propriétés s'y rattachent par de remarquables analogies. D'abord les deux yeux, qui ont leur prunelle transparente et comme éclairée par la lumière de la vision, sont chargés de voir. L'ouïe, qui participe de la nature aérienne, perçoit les sons par des messagers aériens. Le goût, ne s'appliquant qu'aux objets solubles, ne perçoit que les matières humides et aqueuses. Le toucher, qui est tout positif, tout matériel,