Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/188

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par la vertu desquelles tout, et le monde lui-même est créé. L'une d'elles n'est conçue que par la pensée, l'autre peut tomber sous les sens. Mais celle qui est saisie par les yeux de l'esprit est toujours une, toujours semblable et pareille à elle-même ; c'est celle qui existe véritablement. L'autre ne peut être reconnue que par les sens, par une perception tout irrationnelle ; c'est celle-là qu'il dit naître et mourir. Et de même que la première est dite exister véritablement, on peut dire de la seconde qu'elle n'existe vraiment point. La première substance, ou première essence, comprend d'abord Dieu, puis la matière, puis les formes des choses, et enfin l'âme. La seconde substance comprend tout ce qui reçoit une forme ; tout ce qui est engendré et qui tire son origine d'un des types de la substance précédente ; tout ce qui peut subir des changements, des métamorphoses ; tout ce qui s'écoule et s'échappe à l'instar de l'eau des fleuves. De plus, la substance intelligente dont j'ai parlé, étant solidement assise, mérite, comme les conséquences qui en découlent, une croyance complète et un respect inébranlable ; la seconde substance, au contraire, qui n'est en quelque sorte que l'ombre et l'image de la précédente, n'a pour base, aussi bien que les arguments et les mots qui la soutiennent, qu'une théorie tout à fait incertaine.