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LES ÉTRENNES
DES ORPHELINS



i




La chambre est pleine d’ombre. On entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève.
Au dehors, les oiseaux se rapprochent, frileux ;
Leur aile s’engourdit sous le ton gris des cieux.
Et la nouvelle année, à la suite brumeuse,
Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs et chante en grelottant.


ii




Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas, comme on fait dans une nuit obscure.
Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure.