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iii


Madame se tient trop debout dans la prairie
prochaine où neigent les fils du travail ; l’ombrelle
aux doigts, foulant l’ombelle, trop fière pour elle ;
des enfants lisant dans la verdure fleurie

leur livre de maroquin rouge. Hélas ! Lui, comme
mille anges blancs qui se séparent sur la route,
s’éloigne par delà la montagne ! Elle, toute
froide et noire, court, après le départ de l’homme !


iv


Regrets des bras épais et jeunes d’herbe pure !
Or des lunes d’avril au cœur du saint lit ! Joie
des chantiers riverains à l’abandon, en proie
aux soirs d’août qui faisaient germer ces pourritures !

Qu’Elle pleure à présent sous les remparts ! L’haleine
des peupliers d’en haut est pour la seule brise.
Puis, c’est la nappe, sans reflets, sans source, grise :
un vieux, dragueur, dans sa barque immobile, peine.


v


Jouet de cet œil d’eau morne, je n’y puis prendre,
ô canot immobile ! ô bras trop courts ! ni l’une
ni l’autre fleur : ni la jaune qui m’importune,
là ; ni la bleue, amis, à l’eau couleur de cendre.

Ah ! la poudre des soules qu’une aile secoue !
les roses des roseaux dès longtemps dévorées !
Mon canot, toujours fixe et sa chaîne tirée
au fond de cet œil d’eau sans bords, — à quelle boue ?