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LE GÉNOIS.

J’allais le faire. Chaque individu est sous la juridiction immédiate du chef de son emploi. Par conséquent, les magistrats qui président à chaque fonction sont les juges de tous leurs subordonnés ; ils les punissent par l’exil, le fouet, la réprimande, la privation de la table commune, l’interdiction du temple et du commerce des femmes. Lorsqu’un Solarien a tué ou blessé quelqu’un avec préméditation, on lui applique la loi du talion, c’est-la-dire : la mort, s’il a tué ; on le prive d’un œil s’il en a crevé un à sa victime, du nez, etc. La peine est atténuée, s’il n’y a pas eu préméditation, comme dans une rixe. Cette diminution de peine ne peut cependant être faite que par les triumvirs et non par le juge. On peut même en rappeler des triumvirs au Soleil, non pour qu’il change la peine, mais pour qu’il fasse grâce, s’il le juge convenable. Lui seul a ce droit. Il n’y a qu’une prison dans la Cité, encore n’est-ce qu’une tour où l’on enferme les ennemis rebelles. Les accusations ne se font pas par écrit, mais sont portées seulement devant le juge, qui entend les témoins et les réponses de l’accusé. Puissance assiste également aux débats. La sentence est rendue séance tenante. Si le condamné en appelle au triumvir, dès le jour suivant la première sentence est cassée ou confirmée. Enfin, le troisième jour, le Soleil ou accorde la grâce, ou maintient définitivement l’arrêt. Le coupable est obligé de se réconcilier avec l’accusateur et les témoins, comme avec les médecins de sa maladie, et de les embrasser en signe de paix. La peine de mort n’est infligée