Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/213

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Chacun est tenu de connaître ces différentes fonctions, qui sont proclamées les plus nobles. De là vient que celui qui connaît à fond plusieurs arts ou métiers est le plus estimé, bien que chacun ne soit employé qu’à la branche d’industrie pour laquelle il a le plus d’aptitude. Les travaux les plus fatigants paraissent aux Solariens les plus dignes d’éloges. Tels sont la maçonnerie et la manutention du fer. Aussi, personne ne refuse de s’y adonner ; d’autant plus qu’on a consulté le goût naturel de chaque individu. Par la juste distribution du travail, la part qu’en fait chacun, loin d’affaiblir ou de briser ses forces, les augmente. Les métiers les moins fatigants sont exercés par les femmes. Tous les Solariens sont tenus de savoir nager, et à cet effet des piscines, alimentées par des sources, ont été construites au-dedans et au-dehors de la ville. Ils font très-peu de commerce. Ils connaissent pourtant la valeur des différentes monnaies et en ont pour subvenir aux dépenses des ambassadeurs et des explorateurs envoyés à l’étranger.


Des marchands viennent des diverses parties du monde acheter aux Solariens leur superflu. Mais ceux-ci, bien qu’ils paient souvent en argent, n’en veulent point accepter. Ils se contentent d’échanger leurs marchandises contre celles dont ils ont besoin. Les enfants de la Cité rient aux éclats en voyant quelle quantité de marchandises ces commerçants livrent pour quelques pièces d’argent ; mais les vieillards n’en rient pas ; ils ne veulent pas laisser corrompre les mœurs par les esclaves et les étrangers. C’est pourquoi toute vente et tout achat se fait aux portes de la ville ; c’est là aussi qu’ils vendent leurs prisonniers de