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Après la guerre, on célèbre des triomphes à la manière des Romains, mais plus magnifiques encore. Tandis qu’on rend à Dieu des actions de grâces, le général de l’expédition se présente au milieu du temple, et le poète historien qui, selon l’usage, a assisté à la guerre, raconte tout ce qui s’y est passé. Ensuite le Métaphysicien couronne de laurier le général, et l’on accorde des présents et des récompenses aux soldats les plus valeureux, et on les exempte pour plusieurs jours de tout travail. Mais ils sont insensibles à cette dernière faveur, et, ne pouvant rester oisifs, ils vont aider leurs amis. Les soldats, au contraire, qui ont été vaincus par leur faute, ou qui n’ont pas gardé leurs avantages, sont publiquement blâmés. Celui qui le premier a donné l’exemple de la fuite ne peut échapper à la mort, à moins que toute l’armée ne demande sa grâce et que chacun consente à prendre pour lui-même une partie de la peine encourue par le coupable. Mais rarement on lui montre une telle indulgence, si ce n’est lorsque de fortes raisons l’autorisent. Le soldat qui n’a pas secouru son compagnon d’armes est frappé de verges. Celui qui a montré de l’insubordination est jeté dans une fosse pour être dévoré par les bêtes. On ne lui donne pour toute arme défensive qu’un bâton, et s’il peut triompher des lions et des ours, chose presque impossible, on lui fait grâce.


Les villes soumises, ou qui se donnent d’elles-mêmes sont constituées en communauté et reçoivent une garnison et des magistrats solariens. Peu à peu elles s’habituent à la manière de vivre et aux mœurs de la cité du Soleil. Elles y envoient leurs enfants, qu’on y élève sans rétribution.