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telle facilité, que les élèves y profitent plus en un an, que les votres en dix ou quinze. Vous pouvez en faire l’épreuve, en vous entretenant avec ces enfants, et en les interrogeant. »


La chose m’étonna en elle-même, mais je fus bien plus surpris lorsque j’interrogeai ces enfants, qui parlaient fort bien ma langue maternelle. On m’apprit que trois d’entre eux devaient en effet la savoir, trois autres l’arabe, trois le slave et ainsi de suite pour toutes les autres langues. On ne leur donne aucune trève, qu’ils ne soient très-savants. Ils sortent cependant et vont dans la campagne, où ils s’exercent à courir, à lancer des flèches et des javelots et à tirer de l’arquebuse ; à chasser aux bêtes fauves, à connaître les plantes et les minéraux. Ils y apprennent aussi l’agriculture et l’art de soigner les bestiaux. Chacune des divisions profite tour-à-tour de cette liberté sagement réglée.


Les trois grands dignitaires, assistants du Soleil (le Métaphysicien), doivent connaître plus spécialement les arts qu’ils dirigent. Ils n’apprennent que la théorie des autres arts, mais ils savent à fond tous ceux qui les regardent exclusivement, et c’est à ceux-la qu’ils s’adonnent surtout. Puissance, par exemple, possède entièrement l’art équestre, la manière de ranger une armée en bataille, et la castramétation ; il connait la fabrication des armes de tout genre, ainsi que des machines de guerre, les stratagèmes et en général tout ce qui concerne la tactique militaire. Mais, outre ces connaissances spéciales, les trois magistrats dont nous parlons doivent connaître la philosophie, l’histoire, la politique et la physique.