Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/186

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et les exerce le mieux, est le plus considéré. Ils rient du mépris que nous avons pour les artisans et de l’estime dont jouissent chez nous ceux qui n’apprennent aucun métier, vivent dans l’oisiveté et nourrissent une multitude de valets pour servir leur paresse et leur débauche ; cette manière de vivre engendre de grands maux pour l’état : une foule d’hommes pervers sortent d’une société pareille comme d’une école de vices.


Les autres magistrats sont choisis par les quatre chefs, le Métaphysicien, Pon, Sin et Mor et par le professeur spécial de la carrière à laquelle se destinent les concurrents, car ce professeur peut connaître, mieux que tout autre, si l’individu est apte ou non à enseigner telle ou telle vertu, tel ou tel art. Les concurrents ne se présentent pas eux-mêmes comme candidats, mais sont proposés dans le conseil par les magistrats ; et quiconque a quelque chose à faire valoir pour ou contre l’élection, a la parole. Personne ne peut occuper la place de Métaphysicien, s’il ne connaît à fond l’histoire, les rites, les sacrifices et les lois de tous les États, tant républicains que monarchiques. Celui qui prétend parvenir à ce haut grade, doit aussi savoir les noms des inventeurs des lois et des arts, l’histoire de tout ce qui se passe au ciel et sur la terre. Il doit connaître également tous les arts mécaniques (en deux jours ils peuvent s’instruire sur un de ces arts au moins, grâce aux peintures dont nous avons parlé et à leur éducation première, la connaissance pratique n’étant pas exigée), la physique, les mathématiques et l’astrologie. On ne demande pas aussi sévèrement la connaissance des langues ; car il y a dans la république une grande quantité d’interprètes,