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LE GÉNOIS.

Il y a chez eux autant de magistrats qu’il y a chez nous de noms de vertus, et chacun d’eux porte ce nom en guise de titre. Ainsi, on les appelle : magnanimité, courage, chasteté, libéralité, justice criminelle et civile, adresse, vérité, bienfaisance, reconnaissance, gaîté, activité, sobriété, etc., et l’on élit à telle ou telle de ces charges celui qui, dès son enfance, dans les écoles, a montré le plus de penchant pour telle ou telle vertu. Mais comme ils ne connaissent ni le vol, ni le meurtre, ni la débauche, ni l’inceste, ni l’adultère, ni aucun de ces crimes dont nous nous accusons entre nous, ils s’accusent d’ingratitude, de malignité, d’incivilité, de paresse, de tristesse, de mauvaise humeur, de légèreté, de médisance et de mensonge. Ce dernier défaut leur semble plus effroyable que la peste. Pour châtiment, on prive les coupables de manger en commun ou de voir des femmes pendant un temps que les juges proportionnent à la gravité de la faute.

L’HOSPITALIER.

Dis-moi comment les magistrats sont élus.

LE GÉNOIS.

Tu ne me comprendrais pas bien, si je ne te décrivais auparavant leur vie. D’abord, il faut que tu saches que le vête-