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jouissances de la vie sont partagées de manière que personne parmi eux ne peut songer à s’en approprier d’autres au détriment de ses concitoyens. Ils disent que l’esprit de propriété ne naît et ne grandit en nous que parce que nous avons une maison, une femme et des enfants en propre. De là vient l’égoïsme, car pour élever un fils jusqu’aux dignités et aux richesses et pour le faire héritier d’une grande fortune, nous dilapidons le trésor public : si nous pouvons dominer les autres par notre richesse et notre puissance, ou bien, si nous sommes faibles, pauvres et d’une famille obscure, nous devenons avares, perfides et hypocrites. Donc, en rendant l’égoïsme sans but, ils le détruisent et il ne reste que l’amour de la communauté.

L’HOSPITALIER.

Mais dans un pareil état de choses personne ne voudrait travailler, chacun s’en remettant au travail d’autrui pour vivre, ainsi qu’Aristote l’objecte à Platon.

LE GÉNOIS.

Je sais mal soutenir une discussion, n’ayant jamais appris à argumenter. Je t’assure seulement que l’amour de ces gens-là pour leur patrie est inimaginable. Ne voyons-nous pas dans l’histoire que plus les Romains méprisaient la propriété, plus ils se dévouaient pour le pays ? Et je crois aussi que si nos moines et nos prêtres n’étaient pas dominés comme ils le sont, soit par l’amour de leurs parents ou de leurs amis,