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c’est lui qui l’a trouvée, et qui la rend à ceux qui l’ont perdue.

Caresser la vertu sans être capable de l’aimer, c’est presser les deux belles mains d’une jeune femme dans les mains ridées de la vieillesse.

Aussitôt qu’une pensée vraie est entrée dans notre esprit, elle jette une lumière qui nous fait voir une foule d’autres objets que nous n’apercevions pas auparavant.

Les sentiments d’un certain ordre s’accroissent en proportion des malheurs de l’objet aimé : c’est la flamme qui se propage plus rapidement au souffle de la tempête.

La vertu est quelquefois oubliée dans son passage ici-bas, mais elle revit tôt ou tard ; on la retire des tombeaux comme on retire du sein de la terre une statue antique qui fait l’admiration des hommes.

Souvent les gens de bien pleurent à la même heure où les pervers se réjouissent : le même moment voit s’accomplir une action honnête et une action coupable. Le vice et la vertu sont frère et sœur ; ils ont été engendrés par l’homme : Abel et Caïn étoient enfants du même père.

Il y a des hommes pour lesquels la vertu n’est