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Votre ami vient de partir ; vous vous croyez fort contre l’absence : allez visiter la demeure de votre ami, elle vous apprendra ce que vous avez perdu et ce qui vous manque.

Celui qui commet le crime, dans le danger qu’il y court et dans le tumulte de ses passions, n’a pas le temps d’écouter le remords ; mais celui qui n’est que le complice et le confident du crime, sans y avoir une part active, celui-là entend la voix vengeresse de la conscience. Il compte dans sa retraite les minutes qui s’écoulent. « À présent il se passe telle chose ; à présent on frappe ! » Oui, malheureux, on frappe ! et c’est la main de Dieu qui s’appesantit sur toi.

Le ver de la tombe commence à ronger la conscience du méchant avant de lui dévorer le cœur.

La cause la plus juste pourroit-elle, par des circonstances fatales, paroître la plus injuste ? Se peut-il présenter un cas où l’innocence ne se puisse prouver, et où la victime qui périt, et le juge qui prononce, soient également innocents ? Que seroit-ce alors que la justice humaine !

Si l’on a le droit de tuer un tyran, ce tyran peut être votre père : le parricide est donc autorisé dans certains cas ? Qui pourroit soutenir une pareille proposition ?