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Préface

Nous avions pourtant un lieu favori de retraite. Tout au haut de la falaise qui regarde la côte du sud et qui surplombe une anse de sable dont la large courbe est enserrée entre une ceinture d’érables et de chênes et les eaux du fleuve, est une espèce de ravine ombragée par des platanes et des trembles. C’est dans ce frais nid de verdure, tout tapissé de mousse et d’herbe, que nous aimions à nous réfugier pendant les heures accablantes du jour. Tandis que nous nous laissions doucement bercer au gré de nos rêveries, nos regards erraient émerveillés sur le paysage grandiose que ferme un horizon fait à souhait pour le plaisir des yeux.

Ami poète, pour qui je tâche d’esquisser cette scène que tu admiras si souvent avec moi, ne te semble-t-il pas la contempler encore ?

Là-bas, sur la rive opposée, se dresse la côte escarpée de Beaumont avec ses champs jaunissants et ses blanches maisonnettes, le tout ondoyant jus-