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Œillades et Soupirs



VIII


J’ai bien vu, mon ami, des femmes en voyage.
Rencontré des yeux noirs, lorgné plus d’un visage ;
Je me suis arrêté devant bien des tableaux,
J’aime les yeux profonds qui nous viennent d’Irlande,
J’ai rêvé des regards découpés en amande :
Mais jamais je n’ai vu deux yeux bleus aussi beaux.

IX


Ils semblaient s’endormir dans les cils d’une blonde,
Une enfant de quinze ans, la plus belle du monde
Poitrinaire peut-être ; — un front de chérubin.
Un vieillard, je l’ai dit, se tenait auprès d’elle.
Le vieillard était laid ; mais l’enfant était belle.
L’enfant m’intéressait — ce que vous pensez bien.

X


Le péché, je l’admets, ou plutôt, je l’explique :
J’adore un œil battu, voilé, mélancolique.
Né sous le ciel de Londre un matin de brouillard,
J’aurais tenté, je crois, un moyen inutile,
Si le hasard n’eût fait qu’à dîner, entre mille,
Je me trouvasse à table en face du vieillard.