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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

cependant, j’accomplissais en rêve l’acte tout entier et l’éjaculation avait lieu à la fin. Dans ce cas je sentais une satisfaction plus complète. Quelquefois je me réveillais avant l’éjaculation et tâchais de me rendormir pour prolonger la vision voluptueuse, ce qui ne me réussissait pas toujours. Mais alors j’avais habituellement une éjaculation la nuit suivante, elle était toujours accompagnée d’images voluptueuses. Après des lectures érotiques, j’avais des pollutions en dehors des périodes normales. Contrairement à ce que j’avais lu dans les livres, j’ai vu, par ma propre expérience, que l’instinct sexuel se surexcite d’autant plus qu’on le satisfait davantage et s’apaise, se calme quand on prête moins d’attention à ses appels. Cela me paraît étrange, mais c’est bien ainsi que les choses se passent. Plus souvent on pratique le coït et plus on désire le renouveler : je l’ai bien constaté dans mes relations avec Nadia ; c’est après plusieurs coïts rapprochés et épuisants que le désir devenait le plus âcre, le plus aigu, à mesure qu’il me devenait plus difficile de le satisfaire. Et le coït ordinaire ne satisfait plus l’imagination échauffée : on cherche toutes sortes de raffinements, de perversions. En cela je ne suis pas une exception, tous les hommes m’ont dit qu’ils ont éprouvé la même chose. Quand on a bien mangé, l’appétit disparaît. Au contraire, plus le coït a été voluptueux et plus vite se réveille le désir d’une nouvelle satisfaction sexuelle, après laquelle le désir ne s’éteindra que pour quelques instants, pour renaître ensuite avec plus de force.

Chez les animaux, il ne doit pas en être ainsi. Quelle est donc la puissance de l’imagination dans la vie sexuelle de l’homme ! C’est un vrai poison aphrodisiaque ! Il n’y a aucun rapport entre l’intensité du prurit produit par la réplétion des vaisseaux spermatiques, ainsi que par la tendance qui en résulte, et la violence infiniment plus grande de l’excitation et du désir provoqués par les images voluptueuses. Il y a là quelque association trop intime et regrettable de fonctions neurocérébrales distinctes qui, dans l’intérêt de notre équilibre psychique, seraient, si notre organisation était plus par-