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APPENDICE

aux applications de l’électricité, suivais différents cours techniques. Un an environ après mon arrivée à Milan, mon père m’annonça que mon oncle avait fait faillite et que sa fabrique était fermée, de sorte que nos plans d’avenir s’écroulaient. J’écrivis à mon père que je voulais cependant rester en Italie pour devenir ingénieur et je me remis énergiquement au travail. Je me préparai à la licenza ginnasiale et à la licenza liceale, et, ayant conquis ainsi le droit d’entrer dans une université, je me transportai à Turin où je suivis, à l’Université, les cours de la section des sciences mathématiques et physiques. Puis je revins à Milan pour suivre des cours pratiques de physique et de chimie industrielles. À 27 ans, j’étais ingénieur. Ayant trouvé une bonne situation dans une grande entreprise électrique, je ne voyais, pour moi, aucune raison de rentrer en Russie. Du reste, mon père faisait de temps en temps des voyages à Milan pour me voir ; il était heureux de voir que ma vie s’était arrangée d’une façon intelligente et attribuait cela à l’influence salutaire du milieu laborieux de l’Europe occidentale, si différent de l’ambiance morbide et déséquilibrée où vivent les classes intellectuelles de la malheureuse Russie.

J’ai vécu dans la chasteté absolue de 20 à 32 ans. L’abstinence me pesa au commencement, ensuite je m’y suis habitué et ne pensai plus aux femmes. En revanche mes occupations et mes lectures professionnelles, les causeries avec des gens instruits et intelligents qui ne manquent pas à Milan me rendaient la vie intéressante. Ma santé était maintenant assez bonne ; je restais faible de poitrine et nerveux, mais la tuberculose ne me menaçait plus, comme c’était le cas, suivant les médecins, au moment de mon départ de la Russie. Les pollutions nocturnes devenaient plus rares ; elles eurent lieu, d’abord, une fois par semaine, ensuite une fois toutes les deux semaines, enfin, vers trente ans, une fois tous les vingt jours ou tous les mois. Elles étaient toujours accompagnées d’images d’organes sexuels de la femme ; ordinairement, je rêvais que j’allais coïter et l’éjaculation avait lieu avant l’exécution de l’acte ; quelquefois,