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APPENDICE

m’arriver dans la maison où je vivais. Je fis bientôt la connaissance de plusieurs familles italiennes, mais je vis bientôt que là, non plus, il n’y avait rien à espérer. En effet, en Italie, les jeunes filles ne sont pas libres de leurs mouvements comme en Russie, elles ne sortent qu’accompagnées de leurs mamans, ne reçoivent pas les messieurs toutes seules… Je ne pouvais faire la cour à une jeune fille que « pour le bon motif, » c’est-à-dire en qualité de fiancé officiel ; je pouvais, il est vrai, essayer de séduire la fillette en cachette, mais cela était, d’une part, assez difficile matériellement, et d’autre part, avait ici un caractère de gravité que n’ont pas les relations illégitimes en Russie ; comme je commençais à comprendre le caractère des mœurs italiennes, une pareille action me répugnait moralement. Je voyais que, dans ce pays, amener une jeune fille à des relations sexuelles extra-matrimoniales, c’était réellement la « perdre », la « déshonorer », ce qui n’est pas du tout le cas en Russie où, sous un régime despotique, les mœurs sont si libérales. Quant aux quelques dames mariées dont je fis la connaissance, les unes, trop âgées à mon gré, ne m’attiraient pas, d’autres étaient surveillées de trop près par leurs maris, d’autres encore n’avaient pas du tout l’air d’encourager mes timides avances. « Et l’on dit que les Italiennes sont si passionnées ! » me disais-je avec étonnement. À cause du caractère relativement fermé de la famille italienne, de l’autorité despotique du mari, de la crainte des cancans des voisins, etc., on ne trouve pas facilement des occasions de tête-à-tête avec les femmes de la moyenne bourgeoisie italienne. L’adultère dans ce milieu nécessite une certaine audace, une certaine habileté de la part de l’amant qui, dans tous les cas, doit jouer le rôle actif, offensif. Or, j’étais timide avec les femmes et je n’avais plus l’âge nécessaire pour leur faire croire qu’elles m’éclairaient sexuellement. En un mot, avec les dames milanaises de ma connaissance (peu nombreuses, du reste), je n’ai pu trouver la moindre occasion de transgresser le sixième commandement. Ces choses-là sont toujours faciles dans les romans et nouvelles, pas toujours dans la réalité !