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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

n’avions pas vu depuis des années vint à Kieff et proposa à mon père de m’emmener en Italie et de m’intéresser à ses affaires.

J’acceptai cette proposition avec joie. Toute occasion de déplacement, de voyage, était la bien venue pour ma mélancolie. Et j’étais content de quitter mon milieu habituel où je souffrais de l’humiliation de me sentir un raté. Et sur quelle imagination jeune le nom même de l’Italie n’exerce-t-il un pouvoir magique ? Je songeais aussi à la beauté tant célébrée des femmes italiennes, aux occasions innombrables d’amours faciles que je supposais pouvoir rencontrer dans ce pays de la volupté. L’arrangement convenait donc à tout le monde et je partis avec mon oncle pour Milan. J’avais alors exactement vingt ans. Nous fûmes un peu déçus par le climat, trouvant à Milan un temps très froid, même de la neige et d’assez fortes gelées. Mais on nous assura que cela ne durerait pas. Selon le conseil qu’on nous donna, nous nous transportâmes sur les bords du lac de Côme où l’hiver ressemblait au printemps ; de notre hôtel nous nous rendions souvent à Milan en 10 minutes de bateau à vapeur et en une heure de chemin de fer. Mon oncle me présenta à ses correspondants commerciaux, les pria de me guider par leurs conseils et après m’avoir, sur leurs indications, placé en pension à Milan dans une famille italienne, repartit pour la Russie. Grâce à mon oncle et aux industriels dont il fit la connaissance (ne sachant pas l’italien, il parlait avec eux en français : cette langue est très répandue à Milan), j’obtins la permission de visiter les ateliers, de suivre certains cours de sériciculture, etc. Je me mis à étudier l’italien avec un véritable plaisir.

Depuis mon départ de Kieff, je vivais dans l’abstinence. Les besoins érotiques se faisaient sentir, mais, contrairement à mon attente, je ne trouvais pas le moyen de les satisfaire. Je vivais dans la famille d’un fonctionnaire italien dont la femme, Française d’origine, était une personne jaune et sèche sans le moindre attrait sexuel pour moi, du reste sérieuse et occupée uniquement des soins de son ménage et de ses enfants. Elle avait un garçon et deux fillettes dont l’aînée avait 12 ans. Ainsi aucune aventure amoureuse ne pouvait