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APPENDICE

Polonaise, chaque fois qu’elle jouissait pendant le coït avec son mari. Chacune de ces attaques durait plus d’une demi-heure. Heureusement pour nous, la jeune Polonaise quitta bientôt ce logement. J’ai déjà dit que Nadia elle-même avait quelquefois des crises hystériques après un coït (ou une séance de cunnilingus) particulièrement voluptueux : mais cela n’arrivait que de temps en temps.

Ma liaison avec Nadia dura une dizaine de mois. Après le procès et la condamnation de son fiancé, elle se maria avec lui et le suivit en Sibérie. Il fut condamné à 8 ans d’exil, mais, par suite des successives commutations de la peine, ne resta en Sibérie que 3 ans et 1/2, y vivant du reste en liberté dans une ville assez agréable. Ensuite, il rentra en Russie, mais sans Nadia, laquelle l’avait quitté au bout de quelques mois de mariage et était déjà depuis longtemps rentrée à Kieff avec un amant. Depuis elle eut beaucoup d’aventures, qui, d’ailleurs, n’avaient aucun rapport avec la politique.

J’étais assez fortement attaché à Nadia, mais par une passion purement physique. Ce qui l’indique, c’est que, quand il lui fallut me quitter, j’en éprouvai beaucoup de chagrin parce que je perdais en elle une source de grands plaisirs, mais je ne ressentis aucune jalousie à cause de son mariage. Quant à ses sentiments pour moi, elle me disait seulement que je lui étais « sympathique ». Après son départ, j’eus tout de suite d’autres amourettes du même genre, c’est-à-dire purement sensuelles et sans « le bon motif ».

J’ai déjà dit que j’avais quitté définitivement le gymnase à 19 ans et 1/2, à cause de mes échecs scolaires : il faut y ajouter un autre motif, l’état délabré de ma santé. Je n’avais devant moi aucun avenir, je ne savais pas si je serais jamais en état de gagner ma vie. Mon père en était très attristé et ne savait quel parti prendre. Je pouvais entrer dans la carrière militaire ; mais, outre qu’elle m’était antipathique à cette époque, ma santé ne me le permettait pas. Et à ceux qui n’ont pas terminé leurs études secondaires, toutes les autres carrières « décentes » sont fermées en Russie. Un hasard heureux me montra une issue. Juste à ce moment, un oncle que nous