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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

parents pour cacher mes escapades. Il m’en coûtait de plus en plus de mentir, à mesure que j’avançais en âge. Je n’ai jamais été un enfant menteur, on me considérait même comme exceptionnellement véridique et, pourtant, tant que je fus enfant, je mentis sans la moindre gêne intérieure quand il fallait cacher mes petits péchés. L’amour véritable de la vérité, la répulsion pour le mensonge ne me vinrent qu’avec l’âge. Combien fausse est l’idée que l’enfant est naturellement véridique. Combien douteuse ne paraît l’existence de très jeunes enfants « incapables de mentir » ! C’est comme si l’on disait qu’il y a des enfants incapables de juger les actes injustement ! Malheureusement, ces fausses idées sont encore très répandues, même dans les milieux instruits.

Mes aventures érotiques de la longue période dont je parle n’eurent rien de notable. Elles furent dans le genre de celles que j’ai racontées déjà. Elles étaient facilitées par le libéralisme des mœurs russes, qui fait que les jeunes gens et les jeunes filles jouissent d’une complète indépendance, se font des visites auxquelles personne n’est présent, se promènent seuls tant qu’ils veulent, rentrent chez eux à n’importe quelle heure de la journée, etc. Nous avions une liberté de mouvements aussi complète que celle des grandes personnes ; les uns en profitaient pour faire de la politique, d’autres, — et j’étais du nombre, — pour faire l’amour. Je n’allais jamais voir les prostituées, comme faisaient la plupart de mes camarades. J’avais peur des maladies vénériennes et les femmes publiques que je rencontrais dans la rue me paraissaient dégoûtantes. Je me contentais donc des collégiennes et des dames « comme il faut » de bonne volonté. Une de ces dernières, une amie de ma mère, ayant, un jour, appris de ma bouche hypocrite que j’ignorais la différence des sexes (j’avais alors un peu moins de 14 ans), se retira du cabinet de travail de son mari, où nous étions seuls, dans la chambre à coucher qui se trouvait à côté et me dit de n’y entrer que lorsqu’elle m’appellerait. Au bout de quelques minutes, elle m’appela, en effet, et je la vis couchée sur le lit, absolument nue. Après m’avoir laissé contempler sa nudité,